Après Le jour de la bête qui rendait hommage à la fête et ces élans collectifs qui nous font tenir ensemble, la chorégraphe catalane Aina Alegre interroge cette fois les rituels que l’on se choisit, que l’on s’invente ou que l’on adopte pour se célébrer en tant qu’individus pluriels, aux prises avec de constants changements, glissements et errements dans nos vies. Dans La nuit, nos autres le corps est la matière première de la métamorphose, porteur d’identités singulières. On y découvre les portraits de trois interprètes au gré de leurs mues successives. La voix, la surface de la peau, la couleur deviennent supports de leurs transformations et façons d’honorer leur multiplicité. Loin de saisir chacun·e dans une image lisse et unique de soi-même, cette danse vient déployer des possibles, et creuse la notion d’identité pour la saisir comme un matériau fait de contrastes, de pans cachés et visibles, de résonances, car nous ne sommes jamais fait·e·s d’une seule pièce. La nuit, nos autres joue avec ce que l’on discerne et ce qui se fond dans le noir, ce qui se transforme, mute, se masque et se dévoile, tout ce qui, en un mot, est vivant.