Toute lutte ne peut se faire sans l’envie de détruire pour reconstruire, et les récentes formes de révoltes défendent cela jour après jour. C’est dans ce temps de grand basculement, à la fois incertain et rempli d’espérance, que Tatiana Julien, gonflée à bloc, s’est emparée du soulèvement comme une force physique et sociale. "Se soulever, comme lorsqu’on dit une tempête se lève, se soulève. Renverser la pesanteur qui nous clouait au sol" affirme-t-elle. En solo pour représenter la multitude, encadrée par deux gradins de spectateur·rice·s qui se font face, elle se déchaîne, brise ses liens, toujours debout plutôt qu’à genoux, elle se lève poing fermé pour dire "non". Sa danse est énergique, pulsée, frénétique, empruntant ses gestes pop au jeu vidéo multijoueur Fortnite comme aux grandes figures de la danse contemporaine. Dans les airs s’entrechoquent des discours politiques, des paroles d’artistes, celles de penseur·euse·s, ou des sonorités électroniques comme des tubes de Mylène Farmer. Soulèvement, solo sans concession, réunit autant qu’il affronte. Le théâtre se mute en tribune, en ring de boxe, en espace de lutte et de porte-parole d’une génération désenchantée.