© Benjamin Favrat

Studio libre Sacre

Daniel Larrieu

Solo pour Sophie Billon
 



Extrait de la note d'intention :

Aborder une œuvre aussi emblématique que Le Sacre du Printemps nécessite soit une forme de candeur, soit une certaine audace, compte tenu du nombre impressionnant de chorégraphes d'envergure qui se sont déjà appropriés ce chef-d'œuvre musical. Ces figures, par leur talent et leur créativité, ont façonné des interprétations marquantes, rendant difficile la proposition d’une nouvelle lecture de cette pièce majeure.

À ce stade de ma carrière, alors que je me situe à la croisée des chemins entre l’accomplissement de mon parcours en tant qu’auteur et chorégraphe et l’appel vers une retraite bien méritée, tout semble m’inciter à me tourner pleinement vers la pédagogie. Pourtant, c’est précisément à cet instant que je ressens le besoin de repousser cette échéance. Je souhaite aujourd’hui synthétiser mon travail d’écriture chorégraphique, non-narratif, profondément musical et rigoureux, tout en le construisant autour du jeu, qui a toujours été au cœur de mon processus créatif.
Clore mon parcours avec une œuvre de l’envergure du Sacre peut paraître déraisonnable, mais c’est cette même démesure qui me pousse à croire en la possibilité de rendre l’impossible, possible.
Dans cette aventure, il m’a semblé évident de collaborer avec Sophie Billon, dont la jeunesse, la puissance, et l’engagement incarnent à mes yeux l’essence d’une nouvelle génération de créateurs et d’interprètes qui m'inspire et m'enthousiasme profondément.

Dans la production de SACRE, se pose la question du solo, rencontre une première marque singulière. Il n’est pas question ici d’entrer dans un « sacrifice » avec des aïeux, pour chercher une conduite au bénéfice d’une figure faussement patriarcale.
Bien au contraire plutôt voir dans le choix de l’interprète, une jeune femme, qui prend à bras le corps tous les rôles, le masculin et le féminin, la force et détermination, hors du genre et établir un nouveau postulat, le solo et le multiple se trouve.
 
Tantôt enfant, jouant, tantôt figure ancienne, avec uniquement pour accessoires un foulard de soie coloré, énigmatique, qui devient tour à tour : voile, cape, châle, tablier, masque et vêtue d’un short de sport et d’un chemisier coloré, Sophie Billon plus proche du travail d'un clown dansant nous invite à une incarnation des figures du Sacre, plus proche de la musique et de sa structure, jouant sur le fil, le désir de narration qui engloutie tout de nos jours, elle tisse pendant 32 minutes, une vision d’énergie, elle danse.

Sacre est accueilli en Studio libre à L'échangeur du 3 au 7 février 2025.