Résidence Jean-Romuald, un garçon de son âge
Note d'intention
"Cette nouvelle création s’inscrit dans la lignée des portraits chorégraphiques que je mène depuis plusieurs années. Ma démarche consiste entre autres à poursuivre dans un studio de danse puis sur un plateau des rencontres qui m’ont marqué artistiquement ou humainement. Celles-ci sont liées à des contextes divers ; elles sont parfois le fruit du hasard, parfois provoquées.
Ainsi, le solo Jean-Romuald, un garçon de son âge fait suite aux soli Pour Ethan, Avec Anastasia, Juste Heddy ou Lou, pièces dont l’esthétique est à l’image de chaque interprète. Avec Jean-Romuald, c’est donc une nouvelle page qui s’ouvre.
Je l’ai rencontré lors d’un atelier que je donnais au Centre national de la danse à Pantin, à destination d’un public mixte par rapport à la question du handicap. Dès le premier jour, j’ai été intrigué et fasciné par sa personnalité et par un rapport au mouvement qui lui est propre. Il a d’immenses bras et une grâce innée.
Il s’agit d’un jeune homme discret, qui ne parle pas beaucoup, qui vous regarde rarement dans les yeux, mais quand c’est le cas et qu’il vous sourit, c’est un renversement qui s’opère.
En commençant à passer du temps avec Jean-Romuald, que ce soit au travail ou en dehors, je découvre une personnalité complexe. Il compose ses propres musiques sur son téléphone à une vitesse impressionnante. Il a ainsi plusieurs chaînes Youtube, je m’y suis abonné. Il refuse de me faire voir des photos de ses dernières vacances à la Réunion d’où ses parents sont originaires, m’expliquant que ça ne me regarde pas, je n’insiste pas. En revanche, il m’en montre d’autres sur lesquelles il fait des grimaces. Il sait faire tourner un ballon de basket sur son indexe. Il est d’une humeur constante et a une force tranquille. Il a une très bonne mémoire corporelle. Son imaginaire est nourri par un univers animalier, il incarne tantôt un serpent, tantôt une girafe, en passant par la tortue, et il s’exécute dans une forme d’abstraction.
Au quotidien, il est accueilli dans un institut médico-éducatif et pratique le jardinage, le dessin… et quand il danse, il exprime la fragilité qui le définit, mêlée à un aplomb désarmant."
- Mickaël Phelippeau
Mickaël Phelippeau est accueilli en résidence du 22 au 23 mai, du 18 au 20 juin, puis du 7 au 10 juillet.